jeudi 17 janvier 2013

Intervention au Conseil Régional - Débat d'orientations budgétaires

Conseil régional de Franche-Comté
Assemblée plénière du 26/10/2012


Intervention de Sophie MONTEL
Groupe FRONT NATIONAL
ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2013


Madame la Présidente,

La gauche ayant tous les pouvoirs depuis les élections présidentielles et législatives de mai et juin de cette année, j’attendais évidemment avec impatience vos orientations budgétaires pour 2013…
Quelles solutions miracles ou au moins concrètes, l’exécutif socialiste allait-il donc nous présenter pour améliorer le quotidien de nos compatriotes et leur assurer un avenir meilleur ?
Eh bien, aucune ! Pas plus qu’au plan national, M. Hollande et son gouvernement n’ont réussi à imposer le moindre changement positif, les socialistes d’ici n’atténueront les maux qui rongent notre région…
Votre enthousiasme de façade cache mal le désastre à venir… Pire ! En ressassant vos vieilles lunes, vous allez mener à très grande vitesse notre Région droit dans le mur !
Depuis l’automne 2008 nous sommes plongés dans une crise économique, financière et sociale sans précédent. Cette crise non seulement perdure mais risque très certainement de s’aggraver dans les mois à venir. Et pourtant, combien de membres de l’exécutif nous ont déjà déclaré, notamment lors des débats budgétaires ou sur le développement économique qu’ils voyaient « le bout du tunnel » ou encore qu’ « ils observaient des signes de reprise de l’activité » dans notre région ? Or, les chiffres parlent d’eux-mêmes, nous en sommes au 17ème mois consécutif de hausse du chômage. De 2002 à 2012, la France a perdu 1 million d’emplois industriels. Notre pays compte plus de 8,6 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont plus de 3 millions d’enfants… Les annonces de plans sociaux s’accumulent jour après jour.
Si les solutions de l’ancien gouvernement UMP n’ont pas amélioré la situation (SARKOZY a creusé notre dette publique de 500 milliards d’euros en 5 ans !), celles des socialistes ne seront pas plus efficaces…. Et je vais vous expliquer pourquoi :
Votre leitmotiv, Madame la présidente et – je vous cite – d’« assurer le redressement de l’économie et de l’emploi, dans l’équité et la solidarité » et pour se faire vous comptez vous appuyer tout particulièrement sur l’acte III de la décentralisation avec des compétences renforcées et une autonomie fiscale retrouvée pour les Régions et la mise en application des nouveaux dispositifs présentés par le Gouvernement Ayrault pour créer des emplois, avec par exemple les fameux « emplois d’avenir ».
Pour vous l’Acte III de la décentralisation et les 15 engagements communs pour la croissance et l’emploi vont créer des Régions « stratèges » et encore plus efficaces.
Les compétences des différentes collectivités auraient dû depuis bien longtemps être clairement définies, voilà bien une évidence ! En revanche, nous sommes particulièrement hostiles au fait que les Régions gèrent directement les fonds européens.
Votre vision de la décentralisation vise tout bonnement, sous couvert de lutter contre le jacobinisme, à l’éclatement de la Nation. Ce que vous voulez c’est finalement échapper au pouvoir central – Paris - pour soumettre les Régions françaises au pouvoir de l’Europe fédéral de Bruxelles. D’ailleurs, lorsque vous évoquez les relations entre l’Etat et les Régions, on a le très net sentiment que vous parlez de partenaires de condition égale… 
Quant au prétendu rôle « stratège » des Régions, je m’interroge … Pensez-vous sérieusement avoir une quelconque influence à votre niveau sur la croissance ou la politique économique de notre région ? La Franche-Comté, Madame la Présidente, fait pour l’heure et heureusement, encore partie de la France, ce qui se passe donc sur son territoire en matière de développement économique, par exemple, reflète exactement ce qui se passe sur l’ensemble du territoire national. Nous avons certes nos spécificités industrielles, mais la crise ne nous a pas épargnés.
Vouloir rétablir la croissance, redresser l’économie avec les leviers régionaux, c’est un peu léger.
C’est l’économie française qu’il faut redresser et ce rôle incombe aujourd’hui au Gouvernement de gauche. Or, il n’en est pas capable tout bonnement parce qu’il est comme avant lui le gouvernement Fillion, soumis aux ordres de l’Union européenne. Il est donc soumis à la doctrine ultralibérale. Il poursuit le transfert de la souveraineté de notre peuple aux mains des marchés financiers et des technocrates de Bruxelles.
Ainsi, le traité de stabilité n’a pas été soumis au peuple français par référendum. La leçon de 2005 sur le projet de Constitution européenne a été retenue par le pouvoir. Le peuple français n’est dès lors plus souverain puisqu’on ne lui demande plus son avis. Et les parlementaires, prétendument élus pour le représenter, préfèrent majoritairement se plier bien servilement aux diktats de Bruxelles.
Le Ministre du Redressement productif peut bien poser dans les journaux, vêtu d’une marinière de marque française, avec dans une main un robot Moulinex et au poignet un montre Herbelin, pour vanter le « made in France ». Tout cela n’est que de l’affichage ! Ce n’est pas le « made in France » qu’i faut pour réindustrialiser notre pays, c’est du « produit en France » et pour cela, il faut rétablir nos frontières nationales et mettre en place des droits de douane progressifs. Les Etats-Unis, le Japon et la plupart des pays du monde le font. Seule l’Union européenne s’y refuse.
Les ouvriers et salariés de notre pays ont d’autant plus de souci à se faire que M. Hollande sitôt élu dévoilait lors d’un sommet du G20 au Mexique sa grande priorité en matière de développement économique : lutter contre le protectionnisme… Celles et ceux qui pensent encore que notre salut viendra de l’Union européenne et d’encore et toujours plus d’Europe se trompent… La Nation est le seul rempart efficace face à un système mondialisé perverti et totalement dérégulé !
Vous évoquez aussi la compétitivité de nos entreprises. Là encore, je sais que nous ne sommes pas d’accord sur les solutions à apporter pour rétablir notre compétitivité. La BPI ne donnera que peu de résultats, surtout si la monnaie unique continue d’être surévaluée comme elle l’est par rapport au dollar. Les investisseurs fuient la zone euro, ils préfèrent aller là où le coût de production leur offre de plus grandes marges.
Un mot aussi sur les « emplois d’avenir ». D’abord le dispositif coûtera plusieurs milliards d’euros, une dépense qui n’était pas prévue et qui tombe bien mal lorsque l’on ne cesse de prétendre que l’on va réduire les dépenses publiques… Ah mais j’oubliais, cela n’a aucune importance, il suffira pour le Gouvernement de presser un peu plus les contribuables des classes moyennes !
Le 29 août 2012, Michel Sapin, Ministre du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social en présence notamment de François Lamy,  ministre délégué à la Ville a donc annoncé la création en 2013 de 100 000 « emplois d’avenir » (150 000 en 2014). Ces « emplois d’avenir » s’adresseront prioritairement aux jeunes sans diplôme de 16 à 25 ans issus des zones urbaines et rurales les plus marquées par le chômage. En 2013, l’Etat prévoit de financer à hauteur de 2,3 milliards d’euros ces emplois (à temps plein, en CDI ou CDD de trois ans). Les « emplois-jeunes » – 1997/2002 (emplois subventionnés) sont de retour ! La différence majeure réside dans les secteurs d’activité proposés : le public et l’associatif pour les « emplois-jeunes » (aide éducateur, adjoint de sécurité dans la police…), la filière verte, le médico-social, l’aide aux personnes et le tourisme pour les « emplois d’avenir ».
Ces emplois d’avenir concernent évidemment prioritairement  les zones urbaines sensibles. Les zones rurales n’étant citées que pour faire croire que le Gouvernement socialiste s’intéresse à tous les jeunes Français ! Les « emplois d’avenir », comme les emplois-jeunes relèvent des dispositifs mis en place dans le cadre de la Politique de la Ville.
En matière d’emploi et en particulier d’emploi des jeunes, les mesures prises par les gouvernants de droite comme de gauche, depuis plus de 25 ans déjà ont abouti au même fiasco. Ainsi, selon une récente étude, 22% des jeunes européens de moins de 25 ans sont au chômage et 42% des jeunes sont sous contrat précaire. En France, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans dépasse également les 22%, contre 9,4% dans la population active. Et ce ne sont pas les « emplois d’avenir », version « hollandaise » des emplois-jeunes de M. Jospin, qui vont y changer quelque chose ! Comme l’UMP, la gauche se refuse à protéger nos entreprises et nos industries, comment dès lors s’étonner de la hausse du chômage.
Vous nous annoncez aussi fièrement vouloir juguler vos dépenses de fonctionnement et maintenir aux alentours des 30% vos dépenses d’investissement. La belle affaire ! Un taux à 30% en dépenses d’investissement c’est beaucoup trop bas pour prétendre soutenir l’économie franc-comtoise. Sans compter que lorsque vous mettez en route des grands chantiers, ils profitent aussi très largement à des travailleurs venus d’Europe de l’Est notamment (code des marchés publics, réglementation du travail…). Eh oui, Mme la Présidente, voilà tous les bienfaits de votre Europe ultralibérale pour notre pays et notre région ! Le tout avec votre bénédiction !
A la lecture de vos orientations budgétaires, nous attendons votre Budget primitif 2013, je dois le dire, sans aucune illusion.
Je vous remercie.

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